Pour répondre à cette question, il faut
tout d'abord définir ce
qu'est le travail manuel.
Cette question ne s'est pas posée pendant des siècles;
il y avait les guerriers, les travailleurs et les autres, dans lesquels
on trouve, en vrac, les voleurs, les politiciens, les préleveurs
d'impôts, les prêtres, les gardiens de prison, etc.
Avec les débuts de l'ère industrielle, il a fallu
convaincre la populace que les surveillants, les directeurs, les
magistrats, etc, étaient eux aussi des travailleurs. On a
donc fait des distinctions, des catégories et on a vu apparaître
la notion de travailleur manuel, par opposition aux autres, qui
ne se servent pas de leurs mains. Donc on voit bien que le
travail manuel n'est pas défini en tant que tel, mais c'est
juste un moyen pour les fainéants de prendre un ascendant
sur les travailleurs.
De tout temps, les travailleurs non manuels ont établi le
fait qu'un travailleur manuel est situé au plus bas de l'échelle,
parce qu'il ne se sert pas de sa tête. Cette notion a
si bien été établie que lors des Trente Glorieuses,
les gouvernements (en particulier V.G.E.) se sont efforcés
d'éradiquer les travailleurs manuels du tissu social, en
particulier en supprimant l'apprentissage et en rendant obligatoire
un contenu scientifico-mathématico-littéraire dans
les cursus techniques. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il est plus
difficile de trouver un carreleur ou un plombier qu'un avocat ou
un analyste financier.
Mais en fait, est-ce vrai que les travailleurs manuels n'utilisent pas leur tête? S'il est vrai que certains
métiers ne requièrent pas ou peu de réflexion,
on peut immédiatement dire que les métiers de création
artisanale sont avant tout des métiers intellectuels, la
main étant un prolongement neurokinétique de la pensée.
Le cas des musiciens est beaucoup plus ambigu, car s'il est évident
que le fla du batteur, le coup de plectre du guitariste, l'arpège
du pianiste et le degueulando de saxophone sont initiés par
le cerveau, cela n'en fait pas pour autant un acte intellectuel.
En fait les musiciens ont démontré depuis longtemps
une incapacité chronique à développer une pensée
logique, ce qui les disqualifie totalement pour être considérés
comme des acteurs de création. En cela, ils sont bien de
purs travailleurs manuels.
Cette appréciation est largement corroborée par
les petits boulots bien spécifiques qu'ils font pour subvenir
à leurs besoins lorsque leurs activités musicales
n'y suffisent pas. On sait tous que les artistes-peintres font des
chantiers de rénovation, les danseurs font moniteur de centre
aéré, les comédiens travaillent au service
client téléphonique, les écrivains sont vendeurs
à la FNAC et les poêtes font des inventaires, mais
les musiciens, eux, se croient beaucoup trop malins pour faire ce
genre de choses, alors ils montent des sites internet, ils donnent
des cours de MAO, j'en connais même qui sont cadres supérieurs
dans des banques internationales pour arrondir leurs fins de mois!
Et çà, c'est pas la preuve qu'ils sont pas nets dans
leur tête?
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